Vous trouverez ici notre programme pour la saison 2016-17. Ce programme en construction comprend plusieurs types d'activités : des permanences, des ateliers, des résidences de création, et des événements tels que des représentations théâtrales, des projections, des concerts, des festivals, etc. Il répond à plusieurs principes. Il est multidisciplinaire et favorise des synergies entre des activités culturelles, sociales et politiques. Il est ouvert sur la ville et ses habitants, avec notamment des ateliers et des projets en liens avec le territoire et sa population. Il est partiel. Il ne définit pas un programme complet pour l'année prochaine mais cherche à impulser une dynamique et poser les premiers jalons de la Parole errante demain. Pour le reste, l'activité du lieu doit se fabriquer chemin faisant. La cohérence est donnée par le processus et non depuis le surplomb d'une direction artistique. L'équipe de la Parole errante demain se charge de créer les conditions de ce processus, de cet approfondissement, fait de rencontres et de persistances. Laisser le programme ouvert, c'est la condition pour accueillir l'autre, celui qui n'est encore jamais venu. Laisser le programme ouvert, c'est la condition pour accueillir l'urgence, les irruptions, les brèches dans le cours du temps. Pour cela, à partir de l'année prochaine, nous accueillerons une ou deux fois par mois, les personnes désirant avoir usage des espaces de la Parole errante. Par ailleurs, les protagonistes du projet sont en train d'élaborer plusieurs outils et projets communs. En réflexion, il y a une web radio de la Parole errante qui documenterait régulièrement l'activité du lieu et son processus de redéfinition. En réflexion, il y a une université ouverte où les savoirs qui se croisent dans le lieu, qu'ils soient théoriques ou pratiques, intellectuels ou manuels chercheraient à se transmettre et à se réinventer. Enfin, faut-il le redire, tous les participants à ce programme ont pris date, en connaissance de cause, pour un calendrier qui pour l'instant n'a pas d'existence officielle, lançant un signal fort au Conseil Départemental : la Parole errante doit continuer, se réinventer depuis un processus ouvert et transparent initié par les premiers concernés. Ce processus est en cours et cette programmation en est la démonstration.

 

Un lieu depuis lequel fabriquer du commun. Un lieu depuis lequel les liens se renforcent, les réseaux s'activent. Un lieu de confluence. Un lieu anti-spectaculaire, en tant que le spectacle sépare. Un lieu soucieux des processus, des chemins. Un lieu des travaux en cours. Un lieu d'une consistance perdue à reconquérir. Un lieu non prescriptif mais exigeant, où chacun·e est invité·e à questionner ses contradictions. Un lieu en devenir. Un lieu des pratiques culturelles mineures. Un lieu où la concurrence de tou·te·s contre tou·te·s fait place à la composition des mondes. Contre le non lieu de la mondialisation, un lieu de la mondialité. Un lieu de la rencontre. Un lieu des identités ouvertes. Un lieu, non, une arche, non, un radeau. Un lieu qui compose avec l'oiseau comme avec le fleuve. Un lieu qui ressent loin et proche à la fois. Un lieu pour vaincre la solitude. Un lieu du visible et de l'invisible. Pas un lieu, un processus vivant. Un lieu qui soigne, un lieu qui mugit, un lieu pour les sans-lieux, un lieu où tout être se voit reconnu dans son existence. Un lieu des solidarités concrètes. Un lieu qui a pour seule tutelle le monde. Un lieu libre. Un lieu parmi d'autres lieux, avec qui tisser des complicités. Un lieu où l'on apprend ce que l'on sait déjà. Un lieu d'émergence des savoirs. Mais aussi un lieu où l'on apprend l'art de la menuiserie, la relativité d'Einstein, la musique dodécaphonique, la théorie du pouvoir de Foucault. Un lieu où chaque nouvelle découverte scientifique est discutée âprement, chaque nouvelle expression artistique écoutée attentivement, chaque nouvelle théorie critique débattue passionnément. Un lieu du savoir, l'académie en moins. Un lieu où l'on écrit, parle, chante, joue, danse, imprime, fabrique, filme, regarde et écoute. Un lieu pour un peuple à venir. Un lieu à inventer. Un lieu auquel vous êtes invité·e·s, un lieu que vous devez défendre et faire vivre. Un lieu, opaque au pouvoir, transparent à la multitude. Non un lieu, une grève continue contre l'ordre économique mondial. Un lieu pour les peuples en résistance. Un lieu où manger. Manger c'est toujours manger un peu de monde, donc communier avec lui. De l'importance d'y mettre les formes. Un lieu pour ne rien faire. Un lieu pour qui n'a plus le temps. Un lieu qui prend le temps de voir loin. Un lieu qui n'attend plus.